Début 1992, Michael Jackson annonce qu'il compte repartir sur les routes avec le "Dangerous Tour" dans le simple et unique but de recueillir des fonds pour sa toute nouvelle fondation, "Heal the World". En apprenant la nouvelle, les fans sourient gentiment : l'excuse est bien trouvée, et finalement peu importe la raison, vivement l'ouverture des réservations !
Le "Dangerous Tour" est à l'image de la promo de l'album du même nom : ça commence bien, et ça finit plutôt mal.
Le show, mis en scène par Michael et Kenny Ortega, garde la structure principale du "Bad Tour".
Le choix des chansons contente tout le monde, des amateurs des grands classiques à celles et ceux qui viennent écouter les hits de "Dangerous".
Malgré une mise en scène haute en couleurs, un recours à des effets spéciaux de plus en plus spectaculaires (les entrées et sorties de scène sont époustouflantes), et l'utilisation d'une scène à deux niveaux, le "Dangerous Tour" donne l'impression d'un show en sous régime. Tout est parfaitement huilé, réglé, agencé, mais il manque un soupçon se spontanéité et de réelle originalité.
Michael se dirige clairement vers une nouvelle vision de l'entertainment : il joue à fond la carte de la vidéoscénie. Son désir de reproduire l'effet vidéo sur planches semble l'obséder de plus en plus.
Cette recherche de "perfection" efface le groove efficace de plusieurs numéros du "Bad Tour". Désormais, Michael se pose systématiquement en héros de plus en plus lointain, et son image réelle alterne de façon plus ou moins heureuse avec la diffusion de vidéos limite propagandistes.
Le plus gros point faible de l'entreprise " Dangerous", reste l'utilisation du playback. Même si au début de la tournée, Michael chante souvent en live, la tendance s'inverse au fur et à mesure. Quelles sont donc les vraies raisons de ce playback grimpant : la fatigue de Michael qui annule plusieurs dates européennes ? le souci de perfection cité plus haut ? Les exigences des assurances, qui poussent d'autres artistes de sa trempe à préférer les bandes au micro ? ...
Avec le "Dangerous Tour", Michael grossit le trait du "Bad Tour" : il se montre encore plus universel encore plus humanitaire et garant de la santé planétaire. C'est une redite de la précédente tournée, avec un peu de magie en moins. Lorsqu'il arrive au Japon fin 92, le public est conquis d'avance, il n'a plus rien à prouver. SLASH le rejoint sur scène pour "Black Or White" à plusieurs reprises, c'est un featuring sympathique mais qui ne procure pas l'adrénaline espérée.
Reste que la diffusion télé du concert de Bucharest du 01 octobre 92 est un événement sans précédent : pour la première fois, et à travers le monde, Michael Jackson accepte de se laisser filmer et de montrer son spectacle en intégralité. Sans aucun doute, les passages télés du "Dangerous Tour" sont très fédérateurs, Michael réussit à toucher toute une nouvelle génération de fans qui ne le connaissaient pas ou peu.
Fortement affaibli par la première partie de la tournée, MJ se repose et décide de repartir en août 93, cette fois ci du côté de l'Asie. Cette seconde manche se déroule sous le climat de l'affaire Chandler.
L'itinéraire devient un chemin laborieux qui finit en cul de sac : Michael arrête sa tournée et se dirige vers une clinique anglaise pour subir une cure de désintoxication aux analgésiques...
Le "Dangerous Tour" est une scène où l'on parle de moins en moins de spectacle mais de plus en plus des (mauvaises) choses qui gravitent autour de l'univers de la star...
Les show 92 et 93 sont sensiblement différents : la première version propose quelques vieilleries comme "Working day And Night". La mouture 93 contient quelques bonnes surprises, comme "Dangerous" single maudit devant l'éternel.
Spectacle mal exploité, le "Dangerous Tour", aujourd'hui, enivre plus les fans du Roi de la Pop grâce aux répétions du concert récemment diffusées en VHS et DVD bootlegs que par sa version finale.