Michael Jackson ne veut pas faire le "HIStory Tour". La perspective d'une longue tournée le fatigue d'avance. Fin 95, l'annulation du spectacle HBO suite à son malaise a peut être même calmé ses ardeurs scéniques.
Début 96, neuf mois avant le début de la tournée, il se plonge dans le projet "Ghosts", qu'il avait mis de côté depuis 1993. La réalisation de ce moyen métrage lui tient particulièrement à coeur. Mais Sony fait pression, il faut vendre "HIStory", l'album ne peut pas vivre uniquement via les singles, remixes, clips et autres prestations télés. Michael doit remonter sur scène, c'est un fait. Avec la logique d'un entrepreneur livrant des shows-kits-clés -en-mains, le Roi de la Pop prépare un spectacle qui relève désormais de la revue de Las Vegas : tout est axé sur le visuel. L'orchestre, réduit à doubler les bandes playback, est caché au fond de la scène, et les choristes, couverts par les choeurs studios de MJ lui même, n'interviennent presque pas !
L'ouverture du concert est un morceau de choix : créature venant d'on ne sait où, Michael traverse l'espace et le temps pour rejoindre son public. Il fend le plancher avec sa fusée et chacun de ses pas résonne comme un coup de tonnerre.
Pendant près de 2 heures 30 (son show le plus long), Michael joue à Jackson : il refait ses numéros, devenus des classiques : les habitués retrouvent tous les repères des shows précédents, sans réelle surprise....
La set list évolue peu de 96 à 97. Ce sont souvent des morceaux qui disparaissent ("The Way You Make Me Feel, "Medley Off The Wall" et "D.S / Come Together") et trop peu qui apparaissent ("Blood On The Dance Floor"). Chaque prestation est conçue comme une entité à part entière, introduite selon le cas par des séquences vidéos qui finissent par supplanter la présence physique de la star sur scène.
Le jeu de scène de Michael est plus désinvolte que sur les tournées précédentes : dansant de manière de plus en plus mécanique (mais toujours avec sa légendaire souplesse), il se permet, entre deux chansons, des petites apartés avec son public. Ces moments imprévus semblent lui procurer plus de plaisir que le show lui même.
Michael passe son temps à se dissimuler derrière les artifices et la mise en scène qui finit par rouler toute seule. VRP aux ventes d'albums colossales, il fait la levée des compteurs sans forcer, même si plusieurs concerts accusent des pertes financières dans certaines villes européennes (les énormes coûts de production sont de plus en plus difficiles à amortir...).
Visuellement parfait (voire meilleur que le Dangerous Tour), le HIStory Tour est l'application d'un savoir faire clinique qui a fait ses preuves.
C'est le plus grand chapiteau du monde qui vient montrer ses meilleurs numéros à une foule aveuglée par le strass, conquise d'avance avec deux pétards et trois feux de Bengale....